Il y a, dans l’histoire de la raclette, quelque chose qui dépasse le simple plaisir d’un fromage fondu. Ce plat, autrefois cantonné aux vallées alpines, a connu en France une ascension étonnante, jusqu’à devenir l’un des grands rituels culinaires du pays. La raclette n’est plus seulement un symbole d’hiver, elle est devenue un marqueur culturel, un espace social et, plus surprenant encore, un véritable succès industriel.
La raclette : deuxième plat préféré des Français
Les derniers chiffres du sondage mené par Les Toques Françaises et UMIH Formation en décembre 2025 le confirment : 88 % des Français ont mangé au moins une raclette durant l’année, en faisant le deuxième plat préféré du pays derrière le bœuf bourguignon.
Chez les moins de 30 ans, elle atteint même la première place ex aequo. Ces données traduisent un phénomène qui, à première vue, semble relever du domaine purement culinaire. Mais elles révèlent surtout l’histoire d’une tradition transformée par l’innovation, jusqu’à devenir un rituel national.
Car si la raclette a quitté les alpages pour s’installer durablement dans les foyers français, c’est en grande partie grâce à un objet dont la simplicité apparente masque une véritable révolution : l’appareil à raclette. Il a permis de rendre ce plat accessible partout, en toutes saisons, et à toutes les générations.
Le sondage souligne d’ailleurs que 68 % des Français citent Tefal comme la marque de référence pour ces appareils, et 92 % estiment que son invention a contribué à ancrer la raclette dans les pratiques culinaires courantes.
La démocratisation de la raclette n’a pas été un hasard. Elle s’est appuyée sur un ancrage territorial solide, sur des usines qui ont su adapter leurs compétences aux nouveaux usages, et sur la capacité de l’industrie française à transformer un rituel traditionnel en une expérience moderne.
En Haute-Savoie, par exemple, où sont fabriquées la Gourmet Pierrade Tefal et l’Eco Raclette, l’innovation a rencontré les racines du plat. L’une réunit pierre de cuisson et fromage fondu, l’autre propose une approche plus responsable, mais toutes deux prolongent un lien ancien entre le territoire et la table française.
Un patrimoine gastronomique et industriel célébré à Paris par le groupe SEB
Ce lien entre patrimoine et industrie s’est donné à voir de manière spectaculaire lors du SEB Paris Raclette Day, le 13 décembre 2025. Pendant une journée entière, sur les Champs-Élysées, plus de mille convives ont partagé une raclette continue grâce à une série d’appareils déployés comme autant de témoignages du savoir-faire national : Food & Co, Eco Raclette, Gourmet Pierrade, mais aussi Billig bretonnes, gaufriers professionnels ou appareils à fondue. La scène avait tout d’une fête populaire, mais elle mettait en lumière un pan souvent méconnu de la culture française : sa capacité à faire d’un objet du quotidien un acteur de patrimoine.
Car derrière cette convivialité se cache une réalité plus profonde. La raclette est un exemple rare de tradition culinaire devenue tradition industrielle. Le fromage raconte les terroirs, mais l’appareil raconte les ateliers où il a été pensé, les ingénieurs qui l’ont imaginé, les ouvriers qui l’ont fabriqué. C’est un patrimoine à deux vitesses, l’un gustatif, l’autre technique, qui se rejoignent à table. Un récit où la culture ne réside pas uniquement dans le produit fini, mais aussi dans la manière dont il est rendu accessible au plus grand nombre.
Cette double dimension explique peut-être pourquoi la raclette unit les générations. Elle parle aussi bien aux plus jeunes, qui la considèrent comme un moment de partage convivial, qu’aux plus anciens, qui y retrouvent les saveurs des hivers d’autrefois. L’industrie, en simplifiant et en modernisant son usage, n’a pas effacé sa charge mémorielle. Elle l’a rendue transmissible. Elle a permis au geste ancien du fromage fondu d’entrer dans les salons, les cuisines, les chambres d’étudiants, de devenir un rite du quotidien plutôt qu’un événement exceptionnel.
La raclette, symbole d’un Made in France intergénérationnel
Dans une France qui interroge régulièrement la valeur de son patrimoine, la raclette offre un contrepoint inattendu. Elle montre qu’un héritage culturel peut se perpétuer non seulement par la tradition, mais aussi par l’innovation.
Que le Made in France ne vit pas uniquement dans les grandes manufactures et les métiers d’art, mais aussi dans ces objets domestiques qui accompagnent les moments simples. Et que la culture française, loin d’être figée, sait évoluer, se réinventer, se diffuser, parfois par les chemins les plus modestes.
La raclette n’est pas seulement un plat qui rassemble. C’est une histoire partagée, un pont entre territoire et industrie, un exemple de patrimoine vivant devenu pratique courante grâce à une innovation locale. Une réussite discrète, mais profondément française, qui rappelle que nos traditions ne survivent pas par hasard : elles vivent parce qu’on continue de les fabriquer.
